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Benoit Vidal
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Benoit Vidal
16 octobre 2023

Gens de France et gens d'ailleurs de jean Teulé (1988 ; 1990)

Dans les années 1980, Jean Teulé poursuit ses explorations narratives en produisant des documentaires pour la revue (À suivre), au ton particulièrement impertinent, sous forme de romans-photos. J’aime à les appeler des docus-photos ; on parle aussi parfois de « roman-photo de reportage ».

Gens de France, puis Gens d’ailleurs sont publiés chez Casterman en 1988 et 1990 avant d’être réédités dans un recueil unique chez Ego comme X en 2005 sous le titre : Gens de France et d’ailleurs. En 2017, cette maison d’édition ferme ses portes et le livre est réédité par Fakir Éditions en 2021. Pour la petite histoire, Flblb aurait aimé rééditer cet ouvrage, après avoir réédité en 2018 Bloody Mary, de Jean Vautrin et Jean Teulé. Mais bon, c’est Fakir qui a signé, pas de chance pour Flblb !

Jean Teulé est un auteur et une personnalité relativement célèbre, surtout depuis qu’il a participé à des émissions de télévisions dans les années 1990. C’est un personnage attachant mais provocateur, et le ton cynique des reportages dans Gens de France pourra plaire à certains et déplaire à d’autres. Avec le recul, ce qui est certain c’est qu’ils fournissent un témoignage intéressant de la France d’une certaine époque.

Il faut souligner que Gens de France est à ce jour le seul roman-photo primé au festival d'Angoulême. Il a reçu l’Alfred du meilleur album français (ex-aequo) en 1989. Depuis, les romans-photos ont tendance à ne jamais figurer dans les sélections… Ce n’est pas « dessiné » donc certains pensent que ce n’est pas de la « bande dessinée ». Raisonnement implacable mais pas toujours apprécié des auteurs de romans-photos.

3-LaDiversification-Teule-2005-Gens_de_France-couv  3-LaDiversification-Teule-2005-Gens_de_France-page171

Pour ma part, il me semble que Gens de France est un cas difficile à classer. Certes la narration se compose de textes et de photographies, mais les pavés de texte occupent de larges blocs dans chaque page. On en vient à se demander si l’on n’est pas plus proche du texte illustré plutôt que de la narration graphique. Par ailleurs, Jean Teulé avait l’habitude de retoucher ses photographies, en appliquant de la peinture ou toutes sortes d’autres effets. C’est sans doute ce traitement graphique qui brouille un peu les frontières entre roman-photo et bande dessinée.

Finalement, si Jean Teulé a produit des œuvres difficilement classables, c’est parce qu’il expérimentait, qu’il innovait. Il le disait lui-même dans un entretien en 1986 : « Je ne sais pas ce que c’est, [ce que je fais], moi, mais en tous cas, c’est du Teulé, quoi ». Et c’est pour ça qu’il est incontournable, et qu’il a toute sa place dans mon salon des romans-photos.

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